Le Großadmiral Karl Donitz
Par Alain Benoist – Administrateur du Mémorial des bunkers de Pignerolle
Lorsque qu’il prend ses fonctions, en 1935, il ne trouve en construction ou en service que vingt-deux bâtiments de différents types. Le nouveau chef de la Kriegsmarine [1] porte ses efforts sur le type VII, bâtiment qui peut emporter douze à quatorze torpilles.
Le 3 septembre 1939, soit dès le début du conflit, son grade devient Kommodore [2], puis rapidement contre-amiral et son titre de FdU [3] reste en charge maintenant de l’organisation opérationnelle et la communication entre 57 unités, dont dix réservées à la formation des équipages et vingt-huit à la mer.
Karl Donitz a une énorme capacité de travail et la volonté farouche d’atteindre son but. Sa volonté de fer, sa ténacité sans faille, son calme, sa circonspection, son sang-froid, son instinct, son enthousiasme pour le métier, son fanatisme et son patriotisme impressionne si fortement Hitler qu’il se sent animé lui-même d’une nouvelle assurance. Jusqu’au bout le nouveau Großadmiral affiche un calme et un air de confiance imperturbable.
Pour certains historiens, Karl Donitz est devenu incontestablement l’un des principaux soutiens d’Hitler et, par là-même, de l’Etat nazi. Sous dépendance psychologique, il a totalement épousé sa doctrine. Il soutient et encourage l’action et une relation privilégiée s’instaure entre les deux hommes. Seul de tous les dirigeants du IIIème Reich, il reste inflexible, désapprouvant tout manquement aux directives du Führer. Ses nombreux entretiens avec ce dernier font qu’il n’échappe pas à la fascination d’un homme dont il admire, suivant ses propres termes la « personnalité puissante […] d’une intelligence et d’une capacité d’action extraordinaire, avec une instruction tout simplement universelle, une présence rayonnant la force et une immense capacité de persuasion ».
Ses directives passées ou à venir sont autant de preuves d’allégeance totale au Führer. C’est sans aucun état d’âme qu’il a laissé condamner [4] à mort et fusiller à Kiel, le 12 mai 1944, un commandant confirmé de submersible, l’enseigne de vaisseau Oskar Kusch [5], 26 ans, dont le seul crime a été d’avoir, devant ses officiers du U-154 émis des doutes sur la victoire finale et critiqué Hitler, le national-socialisme et le style de commandement de son chef.
Se disant pourtant apolitique, il adhère au parti nazi le 1er février 1944, avec le numéro 9 664 999. Membre tardif mais fervent et radical opposant au communisme, soutien fidèle [6] d’Hitler, il joue un rôle dans la répression du complot du 20 juillet 1944 [7], en prononçant un discours de soutien au régime le soir du jour de l’attentat. Il propose à Hitler de faire adopter le salut nazi, bras et main droite tendus, dans toutes les unités militaires [8], « symbole de leur indéfectible loyauté au Führer et de l’étroite union des armées et du parti ».
Pour d’autre(s) historien(s), tout en admirant Hitler, il n’est pas un national-socialiste convaincu. Il reste avant tout un marin et un soldat et ne compte plus ses échanges acerbes avec les courtisans obséquieux que sont Göring, Ribbentrop ou Goebbels. Au procès de Nuremberg en 1945 il l’utilise dans son système de défense.
Le 29 avril 1945, le Führer rédige son Testament final dans lequel il mentionne que c’est à Karl Donitz que reviendra la présidence du Reich à son décès. Ainsi, au du Führer le 30 avril 1945, Karl Donitz devient président du Reich entre le 30 avril et le 23 mai 1945.
Il est arrêté par les troupes britanniques le 23 mai 1945 en compagnie des ministres du gouvernement de Flensbourg, Alfred Jodl et Albert Speer
Le Großadmiral (grand-amiral) Karl Donitz meurt le mercredi 24 décembre 1980 à son domicile d’Aumühle, près de Hambourg.
[1] Arme sous-marine.
[2] Pas de grade analogue en français mais qui correspond à Chef d’Escale.
[3] Führer der Unterseeboote : État-major opérationnel consistant à intégrer les buts à atteindre, les chemins et les moyens en fonction des besoins.
[4] Suite à une dénonciation de son premier officier de quart Ulrich Abel dans un rapport à la 3. Unterseebootslehrdivision. Le 16 janvier 1944, le capitaine Hans-Rudolf Rösing, FdU West à Pignerolle, ouvre des enquêtes contre Kusch pour « atteinte à la force militaire, insulte au Reich et propagande d’atrocités ».
[5] Ancien marin du croiseur léger Emden du 3 avril 1939 au 31 mars 1940 ou Karl Dönitz en 1934 et 1935 fut, en tant que Fregattenkapitän, le commandant de ce navire. Oskar Kusch ne cachait pas son attitude antinazie. Il a répandu une plaisanterie parmi l’équipage : « Qu’on en commun le peuple allemand et un ténia ? Ils sont tous les deux entourés de matière brune et risquent constamment d’être emportés ». Karl Dönitz justifiera son refus de demande en grâce en expliquant qu’il ne pouvait à la fois la demander d’un commandant qui avait affaibli la puissance de combat de la U-Bootwaffe et ordonner à de braves commandants de continuer à combattre.
[6] Malgré ses affirmations d’après-guerre.
[7] Autrement appelé « Opération Walkyrie » est une tentative d’assassinat visant Adolf Hitler, planifiée par des conjurés civils et militaires souhaitant le renversement du régime nazi afin de pouvoir négocier la fin de la Seconde Guerre mondiale avec les puissances alliées.
[8] Y compris pour les marins de la Kriegsmarine qui ne l’avaient encore pas adopté sauf pour les adhérents du parti.r