Missak Manouchian : un destin français
Le 21 février dernier, Missak Manouchian et son épouse Mélinée ont fait leur entrée au Panthéon de Paris. Nous vous proposons de retracer la vie de celui qui fut tour à tour ouvrier, poète et qui incarne aujourd’hui le visage et le nombre de l’ensemble des personnes étrangères qui ont servi la Résistance Française.
Les premières années
Missak Manouchian nait le 1er à Hısn-ı Mansur. Il est le quatrième et dernier enfant d’une famille de paysans arméniens catholiques, Alors que son père est tué en 1915 durant le Génocide Arménien, il est recueilli avec son frère Garabed par une famille kurde.
A la fin de la Grande Guerre, les deux frères sont recueillis par un orphalinat où ils grandiront. Missak y apprendra la menuiserie et y rédigera ses premiers textes satiriques.
L’arrivée en France
En 1925, très certainement à l’aide d’un réseau d’immigration clandestine, Missak débarque à Marseille à l’âge de 19 ans accompagné de son frère Garabed. Missak y exercera la menuiserie avant de rejoindre Paris.
L’engagement et la Résistance
Après la manifestation du 6 février 1944 et les événements de ce même jour, Missak Manouchian décide d’adhérer et de s’engager pour la Parti Communiste Français et au HOC (Comité de secour pour l’Arménie).
Le 2 septembre 1939, alors que la seconde Guerre mondiale embrase l’Europe, Missak Manouchian est fait prisonnier. Sorti de prison en octobre de la même année, il rejoint illégalement Paris en 1941. Il y sera de nouveau arrêté en juin 1941 puis placé sous contrôle allemand au camp de Compiègne. N’ayant pas de charge contre lui, les autorités allemandes le libèrent au bout de quelques semaines.
En , Manouchian intègre le groupe FTP-MOI, Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée de Paris) qui regroupe des groupes armés constitués en avril 1942 sous la direction de Boris Holban,
On estime que les groupes conduits par Missak Manouchian ont accompli près de trente opérations dans Paris entre août et la mi-.
Les derniers moments
, Missak Manouchian est arrêté par la Brigade spéciale n°2 des Renseignements généraux en gare d’Évry Petit-Bourg. Torturé, il est livré avec vingt-trois de ses camarades livrés aux Allemands de la Geheime Feldpolizei. Jugé par une justice expéditive et une parodie de procès par un tribunal militaire le 19 février 1944, le tribunal prononce vingt-trois condamnations à mort (un autre des condamnés seront conduit en Allemagne pour y être torturé à mort).
Le , les vingt-deux hommes du groupe des condamnés à mort sont fusillés au Mont-Valérien, en refusant d’avoir les yeux bandés et entonnant la Marseillaise.
L’Affiche Rouge
Après l’execution du Groupe Manouchian, les autorités allemandes décident de placarder sur tous les murs de Paris l’Affiche Rouge sur laquelle est représentée le portrait des membres du groupes ainsi que les raisons qui les ont conduit à ce funeste destin.
Croyant que cette affiche aurait comme effet « l’exemple » contre tout autre acte de sabotage de ou de Résistance, la population réagit à l’inverse et affiche les hommes de l’Affiche Rouge en Martyres et en Héros de la Liberté ce qui amplifie le soutien et les engagements dans la Résistance.
L’hommage et la reconnaissance nationale
Le 18 juin 2023 après de multiples réunions et réflexions, le Président de la République Emmanuel Macron confirme par voie de communiqué sa décision de faire entrer au Panthéon Missak Manouchian accompagné de son épouse Mélinée, le 21 février 2024, soit quatre-vingts ans après son exécution. Patricia Mirallès, secrétaire d’État aux anciens combattants et à la mémoire, le confirme dans son discours lors de la cérémonie commémorative de l’Appel du 18 juin au Mont-Valérien
Le Président de la République décide par ailleurs de faire reposer Missak Manouchian et son épouse Mélinée dans le caveau n° XIII, aux côtés de Maurice Genevoix et de Joséphine Baker. Le mur mitoyen du caveau recevra une plaque portant le nom des 23 condamnés à mort du groupe Manouchian et de leur chef, Joseph Epstein. L’Histoire de France garde et gardera Missak Manouchian : un destin français.