Le Strasbourg

Par Alain BENOIST, administrateur, & Guillaume BERTIN, secrétaire général de l’association du Mémorial des bunkers de Pignerolle
Le Strasbourg

Le Strasbourg | Photographe inconnu

Les premières missions

Dès le 3 septembre 1939, il est intégré à la Force de Raid basée à Brest, une unité rapide composée de cuirassés, croiseurs et contre-torpilleurs, commandée par le vice-amiral Gensoul sur le Dunkerque.

Coopération avec la Royal Navy

  • Le Strasbourg rejoint la Force Y, basée à Dakar avec le porte-avions HMS Hermes et les croiseurs Dupleix et Algérie, sous l’amiral Duplat. La mission principale de cette force est d’intercepter le cuirassé de poche allemand Admiral Graf Spee, opérant près des îles du Cap-Vert jusqu’à fin novembre 1939. Ce dernier subit de grave endommagement lors des combats de Rio de la Plata contre la Marine Anglaise. Rejoignant MONTEVIDEO (Uruguay) pour y recevoir des réparations qui ne seront pas réalisés, le navire est coulé, après transbordement de l’équipage, le 17 décembre 1939 vers 20 heures.

  • Pendant cette opération, le Strasbourg fournit 800 gargousses de poudre, utilisées ultérieurement sur le Richelieu.

L’évasion de MERS-EL-KEDIR

  • Basés à MERS-EL-KEBIR (Algérie) et en cours de démobilisation après l’Armistice du 22 juin 1940, les bâtiments de ligne français se voient adresser un ultimatum par la Royal Navy : rejoindre un port britannique, gagner un port français d’outre‑mer comme la Martinique, ou se saborder. À défaut d’accepter l’une de ces options, ils seraient détruits par les forces anglaises.
  • Le 3 juillet 1940, le Strasbourg, malgré la surprise stratégique et tactique, réussit à appareiller dès le début de l’attaque britannique.
  • Sous le commandement du capitaine de vaisseau Collinet, le navire se libère de ses amarres et, escorté par cinq contre-torpilleurs, échappe aux tirs anglais et aux mines, atteignant TOULON à 28 nœuds (~ 52 kilomètres/heure) le lendemain.
  • L’équipage déplore cinq victimes par asphyxie dues aux fumées bloquées dans la cheminée.

Retour à TOULON

  • Après l’évasion, la 1ʳᵉ division de ligne est dissoute. Le Strasbourg devient le navire-amiral des Forces de Haute Mer (FHM) sous l’amiral de Laborde.
  • En raison des restrictions imposées par les commissions d’armistice germano-italiennes, le cuirassé navigue très peu.
  • Il assure notamment en novembre 1940 la couverture du retour du Provence, gravement endommagé à MERS-EL-KEBIR.
  • Début 1942, le Strasbourg est équipé d’un dispositif de détection électro-magnétique, la première version française de radar.
Fiche technique
Type de navireCuirassé rapide (Classe Dunkerque)
Mise en serviceMise sur cale à SAINT-NAZAIRE en novembre 1934
Lancement le 12 décembre 1936
Début de l’armement et des essais à BREST en juin 1938 – fin des essais au début de 1939
Admis au service actif à la fin du mois d’avril 1939
Dimensions (longueur/largeur)214 mètres/31 mètres
Propulsion6 chaudières à vapeur entrainant 4 hélices à 4 pales – Puissance totale 107 500 CV
Vitesse maximale30 nœuds (55 kilomètres/heure)
Autonomie7 850 nautiques à 15 nœuds
2 450 nautiques à 28 nœuds
Armement & détectionTourelles quadruples, sur la partie avant du navire soit 8 canons de 330 millimètres ;
3 tourelles de 4 canons de 130 millimètres ;
2 tourelles doubles de canons de 130 millimètres ;
4 affuts doubles antiaériens de 37 millimètres ;
9 affûts quadruples de 13,2 millimètres antiaériens ;
4 hydravions de reconnaissance.
EquipageEn temps de paix 1 500 hommes
En temps de guerre 2 000 hommes
Chantier navalSAINT-NAZAIRE

Fin de carrière

  • Le 27 novembre 1942, après l’invasion du port de TOULON par les troupes allemandes, le Strasbourg subit le sort tragique du reste de la flotte en se sabordant dans le port de TOULON, son dernier port d’attache, pour échapper à la capture.
    Il sombre bien droit. Il sera renfloué par les Italiens qui, après l’armistice entre l’Italie et les Alliés, le restituent aux autorités de Vichy avant d’être coulé de nouveau le 18 août 1944 lors d’un bombardement aérien américain dans le cadre du débarquement de Provence.
  • Il est de nouveau renfloué en 1945 et sa coque sert de cible au large de la presqu’île de GIENS pour des essais sur les explosions sous-marines.
  • Le Strasbourg ferraillé en 1955.
Le Strasbourg

Le Strasbourg | Photographe inconnu

Sources

  • Boulaire, A., & Forissier, P.-F. (2011). La Marine française : de la Royale de Richelieu aux missions d’aujourd’hui. Palantines.
  • Dumas, R. (2001). Les cuirassés « Dunkerque » et « Strasbourg », Nantes, Marine Éditions
  • Gille, E. (1999). Cent ans de cuirassés français. Marines éd.
  • Jordan, J., & Dumas, R. (2009). French battleships, 1922-1956. Seaforth.
  • Monaque, R. (2016). Une histoire de la marine de guerre française. Éditions Perrin.
  • Taylor, B. (2018). The world of the battleship : the lives and careers of twenty-one capital ships from the world’s navies, 1880-1990. Seaforth Publishing.
  • Cuirassés : l’épopée navale à travers les siècles. (2014). Elcy éditions.
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