Le porte-avions Charles de Gaulle
Par Guillaume BERTIN – secrétaire général de l’association du Mémorial des bunkers de Pignerolle

Le Charles de Gaulle | U.S. Marine Corps photo by Maj. Joshua Smith
Rôle
Le Charles de Gaulle a plusieurs missions/rôles:
- une mission diplomatique car porteur de l’arme nucléaire (force aéronavale nucléaire, dite de circonstance c’est-à-dire qu’elle comporte des stades de montée en puissance contrairement aux forces stratégiques qui sont permanentes) ;
- une mission de projection de puissance qui consiste à pouvoir envoyer des avions pour toucher des cibles en mer, sur terre ou encore pour appuyer des forces au sol ;
- une mission de renseignements/appréciation autonome des situations grâce à l’électronique et l’équipage aéronaval ;
- une mission de maîtrise des espaces aéromaritimes: contrôle absolu d’une zone sur 200 nautiques (370 kilomètres).
Points remarquables
Sur le pont d’envol, la couleur des tenues des marins correspond à une fonction précise :
- Marron uni : surnommés les « patrons d’appareils», ce sont des mécaniciens qui préparent les avions avant chaque vol et assurent les roulages.
- Blanc: ils assurent des fonctions de chef de piste.
- Bleu: ils assurent l’accrochage des appareils au pont d’envol à l’aide de chaînes.
- Rouge uni: surnommés les « carbus », ils ravitaillent les aéronefs en carburant.
- Rouge avec une bande: surnommés les « boums », ils arment les aéronefs.
- Vert uni : surnommés les « élingueurs », ils fixent les aéronefs sur les systèmes de catapultes.
- Jaune: surnommés « les chiens jaunes », ils coordonnent l’ensemble des mouvements du personnel et des appareils sur le pont et donnent les feux verts aux catapultages
Pour se poser sur le porte-avions, les aéronefs pratique l’appontage. Ce dernier est possible si les pilotes parviennent à attraper un des trois brins d’arrêt hydrauliques avec la crosse située sous l’aéronef. Chacun des trois brins d’arrêt porte un nom hérité de la mythologie grecque
- Le 1er brin est nommé ATHENA en référence à la déesse grecque de la guerre. Ce brin, situé en bordure du pont et proche du bord nécessite un esprit guerrier pour être attrapé.
- Le 2e brin est nommé APHRODITE en référence à la déesse grecque de l’amour. Il s’agit du « brin d’amour » qui représente l’appontage parfait. C’est le brin par lequel les pilotes doivent être attiré en priorité comme symboliquement Aphrodite.
- Le 3e brin est nommé ANDROMEDE en référence à la princesse éthiopienne de même nom. Exposée sur un rocher pour y être dévorée par un monstre marin, elle est sauvée de justesse par le héros Persée, dont elle devient l’épouse. C’est le brin de la dernière chance pont apponter avant de remettre les gaz pour une nouvelle tentative.
Missions
- Mission Héraclès (2001-2002): en Afghanistan au sein de la Task force 473 contre les talibans & pour appuyer la lutte contre le terrorisme dans le cadre de l’Opération Enduring Freedom (lancée à la suite du 11 septembre 2001).
- Mission Agapanthe (2002-2011): projection de puissance et soutien des opérations terrestres en Afghanistan au sein de la Task force
- Opération Harmattan (2011): contribution française à l’intervention militaire de 2011 en Libye (conduite par l’OTAN) dans le cadre de la guerre civile libyenne.
- Opération Bois Belleau (2013-2014) : défense des intérêts français dans une région en Méditerranée orientale, au golfe arabo-persique et dans l’océan Indien ; assurer l’interopérabilité avec les marines alliées.
- Mission Arromanches 1, 2, 3 (2015-2016): missions de lutte contre les positions terroristes en Irak depuis le Golf Persique.
- Opération Chammal (2015-2016): participation des armées françaises, au sein de la coalition contre l’État islamique, aux guerres d’Irak et de Syrie.
- Mission Clemenceau TF473 (2019): participation à la lutte contre DAECH avec la coalition par des actions de renseignements et de frappe contre les terroristes ; renforcement de l’interopérabilité avec les marines alliées ; affirmation de la présence française dans l’Indo-Pacifique, zone stratégique du commerce mondial et contenant 80 % de la zone économique exclusive de la France.
- Mission Foch TF473 (2020): participation à l’opération Chammal (lutte contre le terrorisme) et renforcement de l’interopérabilité avec les marines alliées.
- Clemenceau 21 (2021): participation à l’opération Chammal (lutte contre le terrorisme) et renforcement de l’interopérabilité avec les marines alliées.
- Clemenceau 22 (2022): mission d’appréciation autonome de situation de la France, de la Méditerranée centrale à la Méditerranée orientale, des Balkans au Levant en passant par le flanc est de l’Alliance et la mer Noire ; contribution à l’opération Chammal (lutte contre le terrorisme), analyse de la posture et des intentions des forces navales et aériennes russes disposées en Méditerranée, renforcement de la posture dissuasive et défensive de l’OTAN à l’est de l’Europe, mise en œuvre de l’interopérabilité entre les marines alliées pour sécuriser l’Europe
- Mission sous commandement de l’OTAN (2024): mission de 15 jours pour la 1ère fois sous commandement de l’OTAN afin de renforcer la présence de la France dans l’Alliance Atlantique.
- Clemenceau 25 (2025): renforcement de l’interopérabilité militaire au cours d’exercices aux côtés de plusieurs marines alliées, contribution à l’appréciation autonome de la situation au Proche et Moyen Orient, réalisation de vols en mer Noire pour réaffirmer la liberté de navigation dans cette zone, affirmation de la présence française dans l’Indo-Pacifique, démonstration de la capacité de projection de la Marine française.
Fin de carrière
- Toujours en service.
- Il est prévu que le Charles de Gaulle quitte le service actif en 2038, remplacé par un porte-avions de nouvelle génération, plus grand, performant et puissant.
Fiche technique
| Type de navire | Porte-avions |
|---|---|
| Mise en service | Quille posée le 14 avril 1989 Lancé le 7 mai 1994 Armé le 28 septembre 2000 Admis au service actif le 18 mai 2001 |
| Dimensions | 261,50 mètres/64,36 mètres Le navire comporte 18 ponts |
| Propulsion | 2 réacteurs nucléaires, 2 groupes turbo-réducteur 2 hélices à 4 pales fixes ; Puissance max 83 000 CV |
| Vitesse maximale | 27 nœuds (50 kilomètres/heure) |
| Autonomie | Autonomie illimitée (en raison du nucléaire) ; 45 jours de vivres à bord (315 tonnes) |
| Armement (dont aéronefs) & détection | Armement : 4 × Sylver A43 (8 x Aster 15) 32 missiles en tout 2 x Sadral (12 missiles Mistral en tout) 8 × canons F2 de 20 mm 3 x tourelles Narwhal (depuis 2019) 4 mitrailleuses de 12,7 mm Aéronefs embarqués : Détection : |
| Equipage | 1900 marins dont 90 de l’état-major embarqué et 600 du groupe aéronaval embarqué |
| Chantier naval | DCN de BREST |

Tape de bouche du Le Charles de Gaulle
Quelques chiffres
- Chaque matin, les pilotes, mécaniciens et matelots arpente méticuleusement les 12 000m² du pont d’envol pour la cueillette qui consiste à ramasser d’éventuels débris qui gêneraient.
- Le décollage des aéronefs est permis grâce à deux catapultes à vapeur (CATOBAR) d’une longueur de 75 mètres qui permettent de lancer un aéronef de 25 tonnes à 270 kilomètres/heure en 2 secondes (4 à 5 g d’accélération) toutes les 30 secondes. A l’appontage, les pilotes disposent de 90 mètres pour passer de 220 kilomètres/heures à 0.
- Le porte-avions est équipé de deux centrales nucléaires miniaturisées qui peuvent à elles seules alimenter en énergie électrique l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants.
- A bord du porte-avions, les marins disposent de tous le nécessaire pour être autonomes en mer :
D’un hôpital et d’une infirmerie de 650m² avec cabinet dentaire, laboratoire d’analyses médicales, salle de radiologie et développement, cabinets de consultation, une salle de déchoquage, triage, réanimation, deux blocs opératoires (orthopédie et viscérale), une salle pour les grands brulés, une salle de réveil, une chambre de repos, une soute à médicaments ; 23 médecins, personnels soignants et administratifs.
Une soute à munitions de 4900m² avec 600 tonnes de munitions embarquées.
Deux cuisines et des salles de restauration qui emploient 75 serveurs, 30 cuisiniers et permettent de servir quotidiennement en moyenne 3,2 tonnes d’aliments.
Un hangar de 4000m² pour entretenir et stocker les aéronefs qui emploie plus de 300 techniciens 24 heures sur 24.

Le porte-avion Charles de Gaulle
Sources
- Arbonneau, T. d. (2016). Le porte-avions Charles de Gaulle : 15 ans de mission. Éditions SPE Barthélémy.
- Battet, J.-L., Poimboeuf, J.-M., & Gayet, F. (2003). Le Porte-avions Charles de Gaulle. [vol.2], Le fonctionnement, la vie à bord. Ed. SPE Barthélémy.
- Centre d’études stratégiques de la Marine. Périscope. Épisode 2 | Qu’est-ce qui fait du Charles de Gaulle un atout pour la France ? – Diffusion le 23 février 2022.
- Centre d’études stratégiques de la Marine. Echo. Épisode 80 | PA-Ng tout comprendre sur le porte-avions nouvelle génération – Diffusion le 12 juin 2025.
- Hofstein, C. (2017). À bord du Charles de Gaulle. EPA.
- Marine Nationale. https://www.defense.gouv.fr/marine/forces-surface/porte-avions
- Ministère des Armées. (2020). Le porte-avions, pièce maîtresse de la stratégie française. Cols Bleu, Marine Nationale n°3092.
- Ministère des Armées. (2021). Un déploiement opérationnel complexe et intense. Cols Bleu, Marine Nationale n°3099.
- Ministère des Armées et des Anciens Combattants. (2022). Opérations. https://www.defense.gouv.fr/operations/operations-achevees-monde
- Ministère des Armées et des Anciens Combattants. Médiathèque Marine Nationale. https://www.mediatheque.marine.defense.gouv.fr/

Travail labélisé
