La minute de silence : pourquoi faire silence au cours des cérémonies et des hommages ?
Par Guillaume BERTIN – secrétaire général du Mémorial des bunkers de Pignerolle
Lors des différentes cérémonies et des hommages, on assiste souvent à des remises de gerbes de fleurs, on entend la Marseillaise… Et puis, il y a aussi un moment très particulier : la minute de silence.
Ce bref instant, où chacun s’arrête et se tait, semble à la fois solennel et mystérieux. Les adultes y participent naturellement, mais pour beaucoup d’enfants et de jeunes, on peut se demander : pourquoi faisons-nous silence ?
Dans cet article, nous allons prendre le temps de mieux comprendre ce rituel si simple en apparence, mais pourtant chargé de sens.
Mais, la pratique du silence, d’où vient-elle ? Que représente-t-elle ? Quelle est sa signification ?
Le Portugal : berceau de la minute de silence
Le premier exemple connu de minute de silence pour rendre hommage provient du Portugal. En effet, après le décès le de José Maria da Silva Paranhos Júnior, Ministre brésilien des Affaires étrangères – il fut une des premiers à reconnaître la République portugaise proclammée à la suite du coup d’Etat du 5 octobre 1910 – , la séance du Parlement portugais du , fut suspendue une demi-heure. Le lendemain, les sénateurs restèrent à leurs sièges pour observer dix minutes de silence.
Au Royaume-Unis et dans le Commonwealth, deux minutes de silence
C’est Edward George Honey dans une lettre au journal London Evening News écrite en mai 1919 qui proposa, pour la célébration de l’Armistice au sein du Commonwealth, d’observer 5 minutes de silence. Cette durée ayant été jugé trop longue, une adaptation à 1 minute fut envisagée avant d’être à son tour oubliée, étant considérée trop courte.
La pratique des deux minutes de silence dans le monde anglo-saxon est à l’initiative de Sir James Percy FitzPatrick qui suggéra deux minutes le à George V, roi du Royaume-Uni. Ce dernier rendit la pratique officielle le pour le jour du Souvenir. Mais pourquoi faire silence 2 minutes ? La première minute est en hommage, mémoire et respect des disparus et la seconde en hommage et respect des survivants de l’événement concerné par l’hommage.
Et en France ?
En France, le silence s’impose dans les commémorations du 11 novembre le 11 novembre 1922, à la suite de la loi du 25 octobre 1919, consacrée « à la commémoration et à la glorification des Morts pour la France au cours de la Grande Guerre ».

La première minute de silence sous l’Arc d Triomphe pour commémorer les victimes de la Grande Guerre
Le silence représente une alternative laïque aux chants religieux, permettant de rassembler le plus grand nombre de familles endeuillées par la Grande Guerre et de surmonter les barrières de la langue : il s’agit en quelques sortes d’un langage universel.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, en France et dans de nombreux pays dans le monde, lors d’un hommage ou encore d’une cérémonie qu’elle soit militaire ou civile, l’on continue d’observer cette minute de silence.
Elle ça signifie qu’on s’arrête tous en même temps pour montrer notre respect. Le silence devient un message universel : il dit que l’on pense aux personnes concernées par la cérémonie ou l’hommage, que l’on partage collectivement la peine ou le souvenir, et que l’on est liés les uns aux autres.
Cette minute de silence montre aussi que certains moments sont si importants qu’ils méritent d’être vécus ensemble avec calme et attention.

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